le 10/09/2011


Un roman à cent mains

Issu d’ateliers d’écriture menés par l’association Les Mots Arts, Dans le jardin de ma mémoire, roman polyphonique, cartographie des quartiers de Strasbourg en suivant d’intimes tracés.
Dans sa CHUTE suicidaire, du dixième étage, le pauvre malheureux voit enfin la vie défiler, certes à toute vitesse, avant que le sol ne l’avale. Fatale et sublime nouvelle de Gabriel Garcia Marquez, El drame del desencantado a servi de fil conducteur à l’ouvrage original, collectif, qui a vu le jour grâce au bel engagement des membres de l’association strasbourgeoise Les Mots Arts.
À l’issue des quinze mois d’ateliers d’écriture mobilisant plus d’une vingtaine d’habitants des quartiers de la Marne, des Quinze mais aussi de Neudorf et du centre-ville, l’éditeur Jérôme Do Bentzinger vient de publier Dans le jardin de ma mémoire, sous-titré Paroles de voisins Strasbourg.
Spontanée, libre, inventive, à la manière des sessions de « creative writing » outre-atlantiques, c’est une écriture désacralisée, teintée du prosaïsme merveilleux de la vie, refigurant les lieux du quotidien (le marché de la Marne y focalise l’attention), glissant d’un univers à l’autre. Yannick, Olga, Andrée, Floriane, Baudouin, Daniel, Guillermo, Joan, Jean-Luc, Joshua, Angelika, Sergio, Olga Stella, Michel, Katia, Musica, Chris, Pierre, Urias, Veronica, William, Marta, Enrique et Élisabeth ( le benjamin d’entre eux a quatorze ans, l’aîné 90 ) : chacun des scripteurs esquisse une topographie intime, s’abandonne aux méandres d’une ville poème.
Entre les mains des jardiniers-coordinateurs, Enrique Uribe Carreno, David Gondar et Élisabeth Koonja, leurs textes ont poussé d’une terre de mémoire en joyeuse hybridation. À l’image de leurs identités multiples, leurs paroles inspirées ébruitent aussi la mosaïque culturelle qu’est, aujourd’hui, devenue la ville de Strasbourg. Se brisant comme un éclat de rire, leurs accents s’entrechoquent, leur regard s’est décillé sous l’effet de l’abyssale et métaphorique mise en scène de Gabo.
« Tout est intéressant pourvu qu’on le regarde assez longtemps », remarquait Gustave Flaubert. Dans la chaleur des mots et l’amitié naissante, les auteurs ont en effet paré leurs quartiers de nouvelles couleurs, suscité d’autres émotions, sensations.
Cette bigarrure donne bien évidemment toute sa saveur au recueil; à sauts, à gambades et par touches successives, le lecteur ensemence ce jardin des mémoires.
VENERANDA PALADINO
Présentation du recueil et des Mots Arts le 16 septembre à partir de 18 h à l’Aubette. Aux Bibliothèques idéales
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